Bénin : Berceau de la Démocratie en Afrique
... la démocratie est un luxe pour les africains.
Voilà une réflexion d'un homme politique au lendemain de la Conférence de la Baule et le grand mouvement de démocratisation des pays africains qui veulent se débarrasser des dictature en place. Il aurait raison si on partait du constat que tout le monde peut faire aujourd'hui du piétinement, ou du recul du processus démocratique amorcé par les pays africains. Les exemples sont si nombreux qu'on ne retiendrait que les pays où tout récemment la démocratie a été violée, notamment, la Côte d'Ivoire avec ses multiples mutineries ou la République Centrafricaine. D'autres exemples ne méritent pas d'être cités puisque l'on ne pourrait dire avec précision s'il s'agit de démocratie ou de dictatures masqués. Cette dernière catégorie de pays est étayée par des faits au Togo, Congo, Gabon, Tchad, en Algérie, au Cameroun, etc. où des mandataires occupent le pouvoir à vie
Des exceptions permettent de lui donner entièrement tort car dans ce vaste constat, on est heureux de mentionner les exceptions malienne, sénégalaise, béninoise et malgache, voire marocaine… Ils montrent aisément que l'Afrique peut être un très bon démocrate. Ainsi, dans ces pays les scrutins, présidentiels, législatifs et municipaux se suivent avec des issues ordinaires comme les pays les plus démocratiques du monde.
Le Bénin : Un exemple de démocratie gagnante
L'évolution politique du Bénin, pendant ces trente dernières années, a été particulièrement mouvementée. A plusieurs reprises, l'armée est sortie de ses casernes, et s'est imposée comme la seule force politique sur l'échiquier national, sans, pour autant, assurer la stabilité, renforcer les institutions, rendre efficace l'administration et combler les espoirs des Béninois. Au contraire, de 1975 à 1989, le régime militaro-marxiste a conduit l'économie béninoise sur une voie de garage. C'est la Conférence des forces vives de la Nation, qui remet le Bénin sur les rails et fait du pays, une démocratie pluraliste de type présidentiel.
La République du Bénin a su donc mettre fin en 1990, sans effusion de sang, au régime marxiste-léniniste dirigé par un parti unique. Il a su passer de la démocratie populaire à la démocratie libérale, du monopartisme politique au pluralisme démocratique caractérisé par l'expression libre du corps et de l'esprit dans le strict respect de la loi.
Autrefois, Terre de dictature prolétarienne, aujourd'hui terre de liberté
Coïncidant avec la fin de la guerre froide et la chute du mur de Berlin, la pacifique transition démocratique du Bénin a fait tache d'huile partout en Afrique. Le Bénin, depuis la fin de la conférence nationale de 1990 est un des pays précurseurs de la démocratie en Afrique. Avec plus de 10 ans d'expériences démocratiques et de multipartisme, il a souvent fait figure de modèle pour nombre de ses voisins.
La démocratie béninoise a enregistré des avancées significatives et a connu un développement exemplaire à certains égards. Le Gouvernement et le peuple béninois ont jeté les bases de l'État de droit en mettant en place des institutions qui ont su résister à l'épreuve du temps. Il s'agit de :
Ces institutions ont acquis une réputation d'impartialité et de crédibilité, et ont fortement contribué à dépassionner et à modérer le débat politique. Le pays jouit d'une stabilité politique remarquable. Par deux fois, lors d'importantes échéances électorales, l'alternance s'est déroulée dans des conditions normales. C'est d'ailleurs pourquoi il a abrité du 04 au 06 décembre 2000, la Quatrième Conférence Internationale des Démocraties Nouvelles ou Rétablies.
Ces progrès démocratiques ont été accompagnés par des progrès économiques impulsés par la gestion rigoureuse : Libéralisation et modernisation de l'économie, rétablissement des équilibres macro-économiques, assainissement et redémarrage du système bancaire, réhabilitation des infrastructures et bonne réponse des bailleurs de fonds, ont propulsé le Bénin, en quatre ans, au rang de pays modèle pour ses performances économiques et sociales.
Secrets de la réussite de la démocratie béninoise
Les secrets de la reprise béninoise se révèlent dans l'esprit de dialogue et de franche volonté de changement, qui ont permis à la Conférence des forces vives de la nation, de ranger dans les calendes de l'histoire les dix-sept ans de règne communiste. Ailleurs en Afrique, le même exercice prend des mois, dans une ambiance de confrontation armée sans jamais se concrétiser en une réelle transition. Le cas le plus illustratifs est la République Démocratique du Congo, ex-Zaïre. Situation d'autant plus dommageable qu'on assiste à un éparpillement des énergies plutôt qu'à une canalisation des efforts sur les projets de développement et les secteurs devant assurer le relèvement d'économies en constante dégradation. L'instabilité, l'insécurité, l'absence d'autorité et de prise de décision éloignent de ces pays tout partenaire de bonne volonté et tout bailleur de fonds disposés à aider au financement du développement. C'est pourquoi, il faut mettre le mérite de l'exception béninoise à l'actif de tous les protagonistes.
En plus de sortir le Bénin de son isolement international, l'expérience démocratique béninoise semble contribuer à la redéfinition des cartes d'influence sur l'échiquier africain, bien évidemment à l'avantage du pays. Modèle sans précédent dans la région, le Bénin demeure le terrain privilégié pour l'organisation d'événements internationaux initiés par des gouvernements, des organisations non gouvernementales et des institutions financières internationales, soucieux de montrer leur soutien à la démocratie et aux progrès économiques en Afrique.