Samory, l'empire de la résistance

A la fin du XIXè siècle, Samory Touré, fils de commerçant malinké, fonde un vaste Etat et oppose une farouche résistance à la colonisation française.

 

Un meneur d'hommes inaccessible au découragement

"Il n’est pas exagéré de dire que Samory s’est montré supérieur à tous les chefs noirs qui ont été nos adversaires sur le continent africain. Il est le seul ayant fait preuve des qualités caractérisant un chef de peuple, un stratège et même un politique. Conducteur d’homme, en tout cas il le fut, possédant l’audace, l’esprit de suite et de précision et, par dessus tout, une ténacité irréductible, inaccessible au découragement."

Ce témoignage élogieux d’un adversaire, le général français Albert Baratier, confirme s'il en était besoin que Samory Touré fut un grand résistant.

Le commerce des noix de kola

Fils de commerçant malinké, il est né vers 1830 à Manyambalandougou dans le Kérouané (actuelle Haute Guinée). Comme son père, il s'insère dans le réseau commercial dioula puis apprend le métier des armes chez Sory Birama, où sa mère est en captivité durant sept ans. Il se distingue par ses qualités de solide fantassin et d’excellent guerrier. Devenu un homme énergique et volontaire, guerrier rompu à la reconnaissance, à l’embuscade et à la stratégie, Samory va opposer de 1880 à 1898 une farouche résistance aux envahisseurs français.................................... Retour

L'empire du Wassoulou

Il fonde un vaste Etat, l’empire du Wassoulou, dont Bissandougou est la capitale. Il met en place une organisation politique et administrative solide pour enrayer le danger que représente le débarquement des troupes coloniales. Surnommé le Bonaparte du Soudan de par son patriotisme et son génie militaire, Samory possède alors une armée remarquablement organisée, divisée en corps à raison d’un par province.

La tactique de la terre brûlée

Les troupes d’invasion coloniales se heurtent à celles de Samory pour la première fois en 1881 à Kita (actuel Mali). Le 2 avril 1882, c'est la bataille de Woyowayanko : malgré l’intervention de l’artillerie, les hommes de Samory mettent en déroute les troupes coloniales. Cette victoire consacre le prestige de l’Almamy – titre religieux de commandeur, que Samory s'est donné – le long des rives du Niger. Les affrontements se multiplient, et Samory tente en vain de trouver des alliés. Contraint à la guerre, ne possédant ni canon ni fusil à tir rapide, il développe une stratégie de guérilla adaptée à son infériorité en matériels militaires. Il emploie la tactique de la terre brûlée en faisant le vide devant l’ennemi.

Ses cendres reviennent en Guinée en 1968

Avec cette stratégie, Samory oppose pendant plusieurs années une solide résistance aux Français en mettant successivement en échec plusieurs de leurs colonnes. Mais vers 1898, sa situation – sans armes et sans alliés – devient difficile alors que les populations sont fatiguées de cette politique de terre brûlée. Il est capturé par surprise le 29 septembre 1898 dans sa retraite de Guelenou, et déporté le 2 octobre de la même année à Ndjolé au Gabon, où il meurt le 2 juin 1900.


Samory Touré reste en Afrique une figure légendaire qui a fortement influencé les nationalistes africains. Le 28 septembre 1968, ses cendres sont ramenées en Guinée et déposées au mausolée de Camayenne.

Par Bama Keita

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