Béhanzin ou la résistance

Ahokponou ou Kondo est celui qui succèdera à son père sur la dynastie des "Aïnonvi" et qui va se révérer redoutable à l'envahisseur. Ce monument de la place Goho à l'entrée d'Abomey traduit encore si bien sa volonté d'arrêter l'avancement de toute évasion étrangère.

Kondo, prince installé dans son palais privé à Djimé va succéder à son père sous le non de "Gbè Hin Azin Bo Ayi Djrè" ce qui veut dire mot à mot "le monde tient l’œuf et la terre approuve" ce qui signifie le monde tient l’œuf que la terre approuve à sa juste valeur autrement dit en terme soutenue cela veut dire "Je suis le roi tant attendu par le monde entier". Il est donc symbolisé par l'œuf ou encore par le requin féroce capable de dévorer les Blancs qui veulent lui prendre sa terre. Jaloux de l'indépendance et de l'intégrité territoriale du Danhomè, Gbêhanzin luttera farouchement contre les envahisseurs français jusqu'à sa déportation. Béhanzin est un grand gaillard de quarante ans environ, le faciès éraillé par les excès prématurés lorsqu'il devient roi. Très tôt les français le verront en enneni et diront :

"L'héritier présomptif est notre ennemi".

Déjà pas encore roi, il reçoit nonchalement la délagation française au moment où son père le Roi Glèlè est malade. Il manifestera plus tard à la mort de son père et après son intronisation son désir farouche de tout remettre en cause pour que la terre des danhomènous soient entièrement et intégralement à eux. Il déclare tous traités nuls, repousse l'intervention française en terre danhoméenne. Il résiste aux patriotiques suggestions de l'ambassadeur français. Les cadeaux de M. Etienne ne font aucune impression. C'était pourtant une collection pittoresque d'échantillons de notre industrie nationale : un casque de dragon à crinière verte, une longue-vue de marine, un stéréoscope qui faisait voir les merveilles de paris en 1889, six pièces de soie et trois de velours, un yatagan à fourreau grenat, un bonnet d'astracan semblable à celui du Shah de Perse, orné de pierres précieusement fausses, une boite à musique jouant plusieurs airs, entre autre la marseillaise, le père la victoire, six douzaine de chaussette de laine, douze parapluies, vingt caisses de liqueurs. Toutes ces belles choses trouvent les spectateurs froids et dédaigneux.

Ainsi, Gbèhanzin se lassa de l’influence française. Il perçut des taxes sur leur occupation de Cotonou et refusa de les laisser continuer à occuper Ouidah. Comme conséquence de ce conflit, une bataille éclata à Cotonou et à Porto-Novo en 1890. cette bataille connue sous le nom de Première Guerre de Résistance, n’a pas duré, mais les deux camps continuèrent à préparer leurs armées. Béhanzin remettant en cause cette présence française, la marine française bombarde Cotonou. Béhanzin devra s'incliner. Mais le ministre Etienne à Paris veut la guerre. Béhanzin est en conflit avec ses voisins. La canonnière Topaze qui remonte le fleuve Ouémé en mars 1892 avec à son bord le gouverneur français Victor Ballot essuie le feu des Dahoméens. Le prétexte est trouvé.

L'armée danhoméenne

L'armée du Dahomey représente une force respectable. Les troupes permanentes comptent environ 3 000 guerriers auxquels il faut ajouter les 800 guerrières de la garde personnelle du roi Béhanzin, les "Amazones". En cas de besoin, tous les hommes en âge de servir doivent rejoindre l'armée ce qui porte les effectifs à plus de 12 000 "hommes".

Profitant des sommes allouées par la France pour acheter son amitié, le roi a renouvelé en partie l'armement de ses troupes. Il a fait l'acquisition de 2 000 fusils modernes (Winchester américaines et Chassepot français), de 5 mitrailleuses (des Reffye françaises obsolètes) de 400 000 cartouches mais aussi et surtout de six canons Krupp. Profitant probablement des conseils de quelques trafiquants européens, ses troupes sont capables de manœuvrer sous le feu.

Dès 1892, Béhanzin contesta l'accord signé 2 ans avant et il attaqua Porto-Novo et les villages environnant, la seconde Guerre de Résistance éclata. Un corps expéditionnaire français fut alors dépêché sous les ordres du colonel Dodds dont les opérations débutent le 9 août 1892 . Elle dura de 1892 à 1894, lorsque les Français infligèrent une défaite aux forces armées du Danhomè.

Ce colonel ensuite devenu général conquit la région plus le royaume d'Abomey, Behanzin fut contraint à la rédition le 25 janvier 1894 et déporter à la Martinique. Le roi Behanzin fut banni de son pays, exilé en Martinique et mourut en exil à Alger. Ses restes ne connaîtront le repos en terre danhoméenne qu'en 1928.

Malgré les efforts du Roi Béhanzin pour reconquérir la région, le Dahomey est finalement unifié en 1894 mais il est considéré comme l'un des plus grands résistants africains aux conquêtes coloniales.

Lisez son dernier discours avant de se rendre aux français : Discours d'Adieu de Béhanzin